Cette fois c'est une chanson de Jean Richepin qui a été mis en musique.

 



NOCTAMBULES
Jean Richepin «La Chanson des Gueux» 1876
 
Par les quais, les places, les rues,
Après minuit, avant le jour,
Lorsque les foules disparues
Dorment leur somme épais et lourd,
Quand l'ombre sur les ridicules
Jette son manteau ténébreux,
Ils vaguent, les bons noctambules,
Et sous le ciel causent entre eux.
Ils ont bu le désir qui trouble,
La foi pour qui tout est quitté,
L'orgueil âpre qui fait voir double,
L'idéal et la liberté.
L'un refondra la poésie,
Et du moule de son cerveau
Dans le ciel de sa fantaisie
Fera jaillir l'astre nouveau ;
Celui-ci doit trouver la gamme
Des airs qu'on chantera demain ;
Celui-là cherche l'amalgame
D'où naîtra le bonheur humain ;
Ils ont bu à pleine lèvres,
Bu à pleins yeux, bu à pleins coeurs,
Cet alcool qui guérit leurs fièvres :
L'assurance d'être vainqueurs.
Et tous ces inventeurs de pôles,
Tous ces bâtisseurs de Babel,
Pensent porter sur leurs épaules,
Ainsi qu'Atlas, le poids du ciel.
Ces gueux qui d'espoir vain se grisent,
Ces fantoches, ces chiens errants,
Seront peut-être ce qu'ils disent,
Et c'est pour cela qu'ils sont grands.
Leur marbre blanc dans la nuit sombre
Dira leur gloire et votre erreur,
Quand ils se dresseront dans l'ombre
Avec un geste d'empereur.
Et sur les quais, et dans les rues,
Après minuit, avant le jour,
Lorsque les foules disparues
Dorment leur somme épais et lourd.
 
 



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